Maison des Comtes de Gruyère

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Cet objet n'est lié à aucun panneau sur le terrain.
Au printemps 1969, le conservateur du Musée gruérien Henri Gremaud fait procéder à des sondages sur la façade d’une maison vouée à la démolition et que la tradition attribue aux comtes de Gruyère, comme relai de chasse. D’après les sources imprimées du 19e siècle, les façades auraient comportés des peintures à fresque représentant le fameux duel de deux anciens Cent-Suisses charmeysans se disputant le cœur d’une jeune-fille du village, duel à l’issue duquel ils succombèrent tous deux (une croix marquerait encore le lieu du drame sur le sentier conduisant du village aux Arses).
Les sondages ne donnèrent aucun résultat, pas plus que ne fut révélé une autre fresque présumée, celle d’un cavalier costumé à l’antique, poursuivi d’un vol de grues, filant à bride abattue, dépêche en main, annoncer au Sénat de Fribourg la mort du dernier comte de Gruyère, Michel. Rénovations et reconstructions auront eu raison des deux fresques et la démolition intervient sans que des sondages intérieurs aient pu être réalisés.
En revanche, les magnifiques boiseries du 17e siècle, au rez et à l’étage, avec plafond à faux caissons et plancher en carreaux de chêne et sapin, le chambranle de la porte principale orné de pilastres et d’un entablement de style Renaissance - indiquant que la maison remonte bien à l’époque des comtes -, ont pu être récupérées par le Musée gruérien… avant de disparaître en partie dans l’incendie d’un dépôt. Trois panneaux de sapin représentant des scènes religieuses, comme on en a retrouvé en ville de Gruyères, ainsi que dans une ancienne maison voisine à Charmey, sont exposés au Musée gruérien, avec quelques peintures - un soldat auquel une femme tend un verre / un soldat menaçant de son épée un gendarme dont l’épée est au fourreau -, récupérées in extremis, avec des graffitis portant des dates du 16e siècle : « Qui bien ayme est digne d’avoir amye / En dehors des ennuyeux, je serai toujours joyeux / O monde retourne toy… ».
De quoi confirmer l’hypothèse d’un relais de chasse comtal, peut-être d’une garçonnière renvoyant à la légende du comte montant à Charmey « chercher amye » par la charrière de « Crève-Cœur » de la Monse sous les yeux de la comtesse postée au donjon de Montsalvens.

En collaboration avec la commune de Val-de-Charmey