Dans la seconde moitié du 19^e siècle, l’agriculture de la région, alors en grande difficulté à cause de l’effondrement des prix du grain, se transforme. Elle passe d’une culture des céréales à l’élevage et à la production laitière. Cette mutation intervient au moment où l’urbanisation et la transition démographique nécessitent la consommation d’une nourriture plus riche. La consommation de lait ainsi favorisée dans les villes, les laiteries s’agrandissent au tournant du 19^e siècle. Les laiteries industrielles, comme Lapp, Guigoz, Nestlé ou Cailler, apparaissent pour transformer le lait en produits de consommation courante. Cailler se spécialise dans la fabrication de chocolat.

Dès 1819, François-Louis Cailler propose des plaques de chocolat qu’il fabrique dans son atelier à Vevey. Lorsqu’il souhaite développer la chocolaterie familiale, il achète des fabriques Vevey au bord du canal de la Monneresse à Corsier-sur-Vevey afin de bénéficier de la force. Daniel Peter, beau-fils de François-Louis Cailler, invente en 1875 une recette pour une plaque de chocolat au lait de bon goût qui va rencontrer du succès. Quelques années plus tard, Alexandre-Louis Cailler – petit-fils de François-Louis – entreprend la construction d’une nouvelle chocolaterie à Broc en 1898 afin de répondre à la forte demande. L’usine est édifiée sur la rive gauche de la Jogne pour bénéficier de la rivière et de l’électricité produite par l’usine hydroélectrique construite en amont.

Proche des lieux de pâture et d’estivage des vaches laitières, les armaillis amènent le lait produit à la fabrique. Cette usine est exemplaire du développement industriel et de l’urbanisation d’une région rurale comme la Gruyère.